Dimanche des Rameaux 1er avril 2012
Objectif du jour : chambre d’hôtes Les Gentianes Finieyrols 48100 Prinsuéjols
04 66 32 52 77
Réservation faite et confirmée par mail le 22 mars pour la nuit du 1er avril.
Ce matin, nous démarrons à 8h15. La journée promet d’être longue. Les brumes couvrent le plateau et les prés sont gelés. Nous quittons les Estrets et la route monte en lacets. Pas une voiture. Tout le monde est encore sous la couette en ce dimanche matin. Seuls les oiseaux chantent pour nous. Enfin, vers 9h00, le soleil arrive à percer. Les lauzes noires des toitures se mettent à briller comme des miroirs.
Peu avant 11h nous arrivons à Aumont-Aubrac. Dejà les paroissiens arrivent avec leurs rameaux. Nous avons juste le temps de trouver la personne qui veut bien apposer le cachet de la paroisse sur nos créanciales. Une dame nous propose très gentiment des rameaux et nous participons à la bénédiction des rameaux qui se passe sur le parvis de l’église.
Nous achetons rapidement de quoi nous restaurer à midi et nous reprenons le chemin. Il fait déjà très chaud malgré l’altitude (1090m). Pierre, le Suisse, a deux cent mètres d’avance. Arrivés en haut d’une forte côte, nous le retrouvons assis sur un des rares bancs du chemin pour la pause de midi. Nous décidons de poursuivre jusqu’au banc suivant. C’est la petite chapelle de la Bastide qui nous en offre l’opportunité. Nous mangeons rapidement et par la porte ouverte nous voyons arriver Pierre. Il est presque arrivé, car il a décidé de s’arrêter à Lasbros.
Nous quittons la civilisation pour un chemin utilisé uniquement par les pélerins.
Parfois le chemin est ferme, parfois sabloneux, souvent pierreux, parfois boueux et parfois des passages à gué ne se font pas sans risques! Puis nous découvrons les paysages spécifiques de l’Aubrac. D’immenses pâtures entourées de murs de pierres. Ce sont de gros blocs de granite, de forte tailles, certains de plusieurs tonnes. Nous apprendrons que les anciens les avaient érigés en guise de clôture.
Nous faisons une halte pour téléphoner à notre petit-fils Mattéo qui fête son septième anniversaire aujourd’hui.
Nous venons de franchir nos premiers 100 kilomètres depuis Le Puy. Le moral est bon, les pieds aussi. Nous espérons toujours pouvoir couvrir les 1400 km restants vers Compostelle.
A la croisée des 4 chemins la douleur au tendon est de nouveau présente et je boitille.
Peu avant d’arriver à notre gite d’étape, une colonne d’une vingtaine de 4×4 vient à notre rencontre sur le chemin de terre à peine carrossable. En arrivant sur nous, ils ralentissent, roulent sur le bas côté herbeux pour faire moins de poussière et s’arrêtent complètement. Chaque conducteur nous salue avec respect et la colonne ne repart qu’une fois que nous soyons passés. Nous n’avions jamais pensé avoir une haie d’honneur de cette sorte.
Nous arrivons fourbus à la ferme des gentianes à 16h30. L’accueil est chaleureux et nous retrouvons Michel, le pèlerin de Monastier, qui est arrivé bien avant nous. Nous sommes donc trois pélerins chez Mme Corriger ce soir.
Elle nous a préparé une bonne soupe de légumes aux croutons où la cuiller tient debout dedans. Suit une truffade avec des saucisses. La truffade est un plat avec des pommes de terres gratinées au fromage local. En dessert, nous dégustons les trois dernières patisserie du boulanger du village. Ce sont vraiment les toutes dernières car le boulanger a cessé définitivement son activité aujourd’hui même. Il n’a trouvé personne pour lui succéder. L’isolement de ces petits villages d’Aubrac s’accroît dramatiquement.
Notre condition de pèlerin réactive aussi de très anciens moyens de communication. Nous faisons revivre la propagation des nouvelles par colportage. Quand nous sommes arrivés, Mme Corriger nous a demandé :
– vous avez été hébergé chez qui hier soir? Au Gévaudan? Comment va Pascal?
Et quand je lui demande des explications sur le dispositif que nous avons remarqué à l’orée de la forêt du Gévaudan qui nous semblait être un dispositif anti-évasion pour les vaches, elle est toute surprise.
– je ne connais pas ce système, il faut que j’aille voir ce qu’ils ont installé…
En tout cas c’est très sympa de pouvoir voyager avec vous au travers de ce carnet de route. Bisous.